Un nouveau capitalisme ?
Avec Donald Trump et Elon Musk, mais aussi Giorgia Meloni et Viktor Orban ou encore Javier Milei se met en place une véritable « internationale néofasciste » dont l’un des aspects les plus fondamentaux consiste en un nouveau rapport à l’économie.
Loin d’enfermer leurs pays dans un repli nationaliste, il s’agit davantage d’acter la « sécession des élites » dans une vision libertarienne et prédatrice des rapports entre États.
C’est assurément la fin de la « mondialisation heureuse » que les libéraux nous avaient promise. Mais est-ce pour autant la fin du libéralisme économique ? Les néofascistes sont-ils, sur le plan du commerce, des nationalistes partisans de la fermeture des frontières et d’une politique économique défensive ? La volonté de Donald Trump d’infliger à ses concurrents des taxes douanières exorbitantes pourrait le laisser penser. Pourtant, c’est tout le contraire.
Dépecer l’État est l’une des ambition de la politique « à la tronçonneuse » prônée par Javier Milei et reprise par Donald Trump, qui a confié cette tâche au milliardaire Elon Musk. Celle-ci s'inscrit dans l'idéologie libertarienne. Le terme « liberal » étant devenu, aux États-Unis, celui par lequel on désigne les progressistes favorables à l'intervention de l'État dans l'économie, certains partisans du libre marché ont repris à leur compte celui de « libertarian », dans un sens opposé à celui qu’il avait originellement, qui était synonyme de « libertaire ». On parle parfois d’ « anarchisme de droite » en entretenant cette confusion sémantique.
En réalité, l’idéologie libertarienne n’a rien d’un anarchisme, l’anarchisme étant de gauche et communiste par essence. Le seul point commun étant le refus de l’État. Pour les libertariens, l’économie dérégulée doit s’imposer, au nom des besoins et des libertés individuels, en particulier la liberté d’entreprendre et de s’enrichir, ce qui n’est qu’un autre nom pour la « loi de la jungle » où les plus forts s’imposent et dévorent les plus faibles.
Il s’agit donc de détruire l’État, de supprimer les règles, de s’accaparer les richesses des autres pays sans aucun scrupule. Ce qu’illustrent bien les annonces faites par Donald Trump, qui lorgne sur le Groenland, le Canada ou le contrôle du canal de Panama. Seuls les intérêts personnels comptent et l’on fait fi du respect du droit international ou de toute considération morale.
Il ne s’agit donc pas de rompre avec l’idéologie du « marché sans entrave », il ne s’agit pas d’un nationalisme économique, mais bien plutôt d’un capitalisme égoïste et rapace. Certains y verront la poursuite de l'ultralibéralisme par d’autres moyens, une « sécession des élites » désormais au grand jour, un capitalisme à l’état nu. Tandis que d’autres regretteront l’ordolibéralisme pacificateur et garant d’un ordre international reposant sur des règles de droit.
En tout état de cause, ce n’est pas une bonne nouvelle pour les plus faibles pour lesquels ces élites prédatrices n’ont aucune considération.
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