Il faut défendre les institutions
Lorsque le Conseil constitutionnel a rendu son jugement sur la loi « Immigration-Asile », le jeudi 25 janvier 2024, certains ont cru habile de parler de « camouflet et démocratique » (Eric Ciotti) ou encore de « coup d’État de droit » (Laurent Wauquiez). Ces propos sont d’une gravité extrême tant ils tendent à jeter le doute sur nos institutions, ouvrant ainsi la possibilité d’un rejet populaire de celles-ci qui pourrait conduire au pire, c’est-à-dire à la fin des garanties qui permettent l’effectivité de nos droits et libertés et, même, la pérennité de la démocratie. Ces propos irresponsables et populistes nous autorisent à nous demander si Les Républicains (LR) sont encore des républicains, s’ils sont encore attachés aux principes les plus hauts qui fondent notre République.
Emmanuel Macron, en laissant cette loi être présentée en l’état devant le Parlement, n’a pas fait seulement le calcul cynique de se reposer sur le Conseil constitutionnel pour la censurer, il a manqué à ses devoirs, puisque l’article 5 de la Constitution stipule que « le Président de la République veille au respect de la Constitution », et ainsi abîmé sa fonction tout en fragilisant le Conseil constitutionnel. Il faut rappeler avec insistance que les institutions ne tiennent que parce qu’elles sont reconnues et soutenues par les citoyens. Elles n’existent pas par elles-mêmes. Ceux qui souhaitent la fin de la démocratie, la fin des libertés ou de l’égalité de toutes et tous en matière de droits, commencent toujours par tenter de discréditer les institutions, qui tombent comme des dominos sans la confiance populaire et la résistance citoyenne à ces coups de boutoir.
Le « bloc de constitutionnalité » (Préambule de la Constitution de 1946, Constitution de 1958, Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et Charte de l’environnement de 2004), comme l’État de droit, la justice et son indépendance, la qualité de l’information et la liberté des journalistes ne sauraient subsister sans une mobilisation civique de chacune et de chacun.
Si les institutions doivent être maintenues vivantes, à un moment où les droites néofascistes s’affirment comme une « alternative » aux yeux de nombre de nos concitoyens, victimes du mensonge de la « dédiabolisation » et des « certificats en républicanisme » accordés par certains journalistes à des partis qui n’ont pas d’autre projet que de mettre fi n à la République, soutenir un tribunal, une association, un journal, une déontologie professionnelle ou des lois, devient un acte de résistance face au pire qui peut revenir.
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