1984 au XXIe siècle

Après qu’il ait abondamment fustigé la « cancel culture » et la « censure », qui menaceraient la liberté d’expression, n’est-il pas déconcertant de voir Donald Trump mener une offensive massive et radicale contre certains mots ?


On voit par là que la défense de la liberté d’expression par les néofascistes est cynique et mensongère. Il ne s’agit pas tant de défendre la liberté que d’imposer une conception du monde.


Plusieurs décrets du président des États-Unis ont, en effet, banni ou déclaré suspects plus d’une centaine de mots. Cette démarche n’est évidemment pas sans rappeler l’imposition d’une « novlangue » par les dirigeants d’Océania, dans le roman de George Orwell, 1984. Interdire l’usage de certains mots conduit à l’impossibilité de penser. Le régime totalitaire décrit par Orwell, cherchant à se prémunir contre toute forme de contestation, veut au final empêcher la possibilité même de tout discours critique.


Ce n’est donc pas seulement la liberté d’expression qui est ainsi attaquée, mais celle de se forger des opinions et, plus grave encore, de découvrir des vérités et de faire de la recherche scientifique. Après avoir défendu – contre la science –, qu’il existe des « faits alternatifs », Donald Trump poursuit son offensive contre la vérité et la science en s’attaquant, non plus à ses résultats, mais à sa possibilité elle-même.


On voit donc se mettre en place un régime totalitaire, qui n’a pas tous les traits du nazisme ou du stalinisme, mais qui conduira probablement à des crimes odieux. Quand on ne peut pas nommer le mal, qu’est-ce qui pourrait nous permettre de dénoncer ses crimes ?

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