Comment le RN instrumentalise la cause des femmes

Dans sa stratégie de conquête du pouvoir, le RN a bien compris que s’attacher le vote des femmes était un enjeu capital. C’est pourquoi, celui a tenté d’infléchir son discours traditionaliste et de se présenter comme un parti défendant les femmes. Si Marine Le Pen ne se dit pas ouvertement féministe, elle indique cependant « comprendre les femmes, parce qu’[elle] en [est] une ». Argument un peu court mais qui se double d’une véritable offensive contre le danger que représenterait l’immigration pour les femmes ; discours qui semble trouver un écho.

Pourtant, les élus du RN se montrent bien loin de défendre la cause des femmes dans leurs votes à l’Assemblée nationale ou au Parlement européen. Une fois de plus, on nage en pleine hypocrisie et en plein mensonge.

Dans la nébuleuse néofasciste mondiale, les discours traditionalistes assignant les femmes au rôle d’épouse et de mère au foyer ou dénigrant les mouvements féministes accusés de nuire à la virilité des hommes sont la norme. Dans sa stratégie de normalisation et de dédiabolisation, le RN prétend ne plus s’opposer à l’IVG et défendre les droits des femmes contre l’obscurantisme islamiste.

La lutte contre l’immigration trouve un nouveau débouché dans le combat pour le respect de la dignité des femmes, puisque le RN fait un lien direct entre les violences contre les femmes et les communautés issues de l’immigration, les migrants et l’Islam.

Avec la complicité de certains médias, les crimes commis par des personnes migrantes ou issues de l’immigration sont mis en lumière, tandis qu’on passe sous silence tous les autres. Cette médiatisation, comme les discours qui se fondent sur ces faits avérés ou, parfois, construits de toutes pièces, sont sans rapport avec la réalité statistique. Mais la réalité est aujourd’hui niée au profit d’options idéologiques. Les femmes sont donc instrumentalisées, à la fois pour stigmatiser les personnes étrangères ou d’origine étrangère, et pour créer un climat de peur et de haine sur lequel prospèrent les appels à des mesures radicales et liberticides.

Quant aux réalités des votes RN, par-delà les beaux discours, si Marine Le Pen s’est prononcée pour la constitutionnalisation de l’IVG la plupart de ses députés ont voté contre, comme ils se sont prononcés contre la loi condamnant son interdiction en Pologne. Autres exemples, le RN a voté contre les mesures renforçant l’accès des femmes aux postes à responsabilités dans la fonction publique et s’est abstenu de voter une directive visant l’égalité salariale. Les députés RN se sont également abstenus lors de la ratification de la Convention d’Istanbul contre les violences faites aux femmes au Parlement européen ou encore se sont opposés à la formation des personnes élues contre le harcèlement.

Si l’on a encore quelque souci des faits et des réalités, il faut bien admettre que la défense des femmes au RN n’existe pas et que les droites néofascistes n’ont rien en commun avec le féminisme. Mais tout semble désormais permis pour attirer l’électrice et l’électeur.